

Bien vivre ensemble, Citoyens et agriculteurs
Autrefois, presque tout le monde avait un membre de sa famille ou un proche travaillant dans l'agriculture et était conscient des difficultés de ce métier ainsi que des risques financiers. Aujourd'hui, les agriculteurs représentent une infime partie de la population : en Wallonie, ils ne constituent plus que 0,34 % de celle-ci. Cette situation a créé un fossé entre certains citoyens et le monde agricole. Bien que l’agriculture soit un secteur nourricier et donc fondamental, la méconnaissance des réalités agricoles a conduit à une incompréhension croissante. Souvent déconnecté des réalités du terrain, le citoyen n’entend plus que les critiques à l'encontre de ce secteur.
​
Ces cinq dernières années, ce phénomène d’agri-bashing s’est amplifié, alimenté par la diffusion d’idées simplistes, fausses ou sorties de leur contexte. Pourtant, le monde agricole a évolué de manière significative vers plus de durabilité, et ce, depuis longtemps. Notre profession est soumise à des contrôles stricts et à une réglementation rigoureuse, nous permettant de produire des aliments de qualité supérieure, reconnus parmi les meilleurs au monde. Cependant, il subsiste un écart important entre la perception publique et la réalité du terrain, créant chez les agriculteurs un sentiment de frustration, de déception, et parfois même de rancœur, en raison de ce manque de compréhension.​​

J'ai personnellement vécu cette incompréhension en 2019, lorsqu’un voisin s’est plaint, pour la première fois de ma carrière, du bruit de mon tracteur pendant la période des semis. En réponse, j'ai installé des panneaux dans mon village pour rappeler que vivre à la campagne implique d'accepter certaines contraintes. Ces panneaux, dont les photos ont circulé sur les réseaux sociaux, ont suscité un débat qui a conduit trois députées MR (Sabine Laruelle, Sybille Bauchau et Caroline Cassart) à proposer un projet de décret pour protéger la ruralité.​
À mon échelle, j’ai également décidé de mieux faire connaître mon métier aux Lasnois à travers une communication active sur les réseaux sociaux et le partage de vidéos. Je crois fermement qu'une bonne communication est la clé pour améliorer la compréhension de la réalité agricole. Dans cet esprit, j’ai organisé, le 16 mai 2024, une présentation des réalités des agriculteurs locaux, représentant divers secteurs. L'événement, suivi d’un débat avec les citoyens, a reçu un excellent accueil. Les participants se sont dits à la fois surpris et préoccupés par les contraintes auxquelles nous devons faire face.​
À l'avenir, il est crucial de continuer à sensibiliser les citoyens à l'importance de la souveraineté alimentaire. Si nous devions un jour dépendre entièrement des importations, nous serions vulnérables en cas de conflit armé ou économique, comme l’a démontré le conflit en Ukraine. Sans oublier que nos normes de production sont les plus exigeantes au monde et qu’aucune importation ne nous garantit cette qualité. Il est impératif de maintenir notre capacité à produire localement, pour garantir cette autonomie alimentaire ainsi que la qualité des produits que nous consommons.​​
Par ailleurs, bien que l’évolution vers une agriculture plus durable soit essentielle, elle doit se faire à un rythme soutenable. Aucune mesure ne doit être imposée sans la mise en place d’alternatives viables et rentables, soutenues par des progrès techniques et scientifiques.​
Au niveau local, la commune de Lasne a adopté une charte pour la protection de la ruralité. Cependant, une charte reste un guide expliquant l’activité agricole et ses contraintes. Je souhaite aller plus loin, si possible, en relançant le projet de décret sur la protection de la ruralité et, pourquoi pas, en l’étendant à d’autres aspects de notre environnement, comme la protection des terres agricoles, des forêts et des rivières. Ces enjeux, dans lesquels je suis activement impliqué, nécessitent une approche globale pour garantir un équilibre harmonieux entre les citoyens et leur environnement.

